Olbia poursuit son cycle d’entretiens des présidentes et présidents de fédération nouvellement élus afin de les découvrir et leur permettre de partager leur vision et leurs défis pour leur mandat.
Aujourd’hui nous échangeons avec Pascal Bonnetain, Président de la Fédération Française de Canoë-Kayak et Sports de pagaie.
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Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer votre parcours avant d’arriver à la tête de la Fédération Française de Canoë-Kayak et Sports de pagaie (FFCK) ?
J’ai eu un parcours varié, à la fois technique et institutionnel. J’ai passé une quinzaine d’années à la Fédération en tant que cadre technique, j’ai également dirigé deux CREPS, celui de Rhône-Alpes à Vallon Pont d’Arc et celui de Bourgogne Franche-Comté à Dijon. Mon engagement m’a également conduit à être député suppléant, conseiller régional, Président de la commission des sports de Régions de France et responsable des sports du parti socialiste. J’ai œuvré aussi pour la jeunesse et la francophonie lors de mon poste de secrétaire général de l’Office franco-québécois pour la jeunesse. Enfin je reste un élu très investi pour l’eau et la biodiversité en Ardèche et en tant que 1er Vice-Président de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse.
C’est cet ensemble d’expériences qui m’a donné envie de revenir au sein de la FFCK au moment du renouvellement de mandat l’an dernier, après avoir été spectateur de son évolution pendant des années. Avec le parcours haut-niveau de mon fils, champion du monde, et ma résidence au cœur des Gorges de l’Ardèche (rivière emblématique pour nos disciplines) j’ai toujours gardé un œil sur la Fédération. J’ai voulu apporter une nouvelle dynamique en structurant une équipe qui mêle athlètes, chefs d’entreprise, élus politiques et dirigeants de clubs. J’ai décidé de me lancer en 2023 mais j’ai officiellement annoncé ma candidature en juillet 2024, juste avant les Jeux, sans dévoiler toute mon équipe pour éviter que la campagne ne perturbe les performances des athlètes.
Comment s’est déroulée votre élection à la présidence de la FFCK ?
L’élection a été tumultueuse car il y a eu des problèmes d’interprétation des statuts et des règles de candidature, notamment sur ma licence qui était une licence non-pratiquant. Après étude des statuts, nous avons choisi de déposer deux listes : une avec moi et une autre sans moi, au cas où ma candidature serait invalidée. Nos deux listes ont été refusées dans un premier temps, puis repêchées deux semaines avant l’élection après une conciliation menées auprès du CNOSF. Durant ce processus, nous avons maintenu le cap et notre communication envers les clubs. Nous avons finalement remporté l’élection avec 65 % des voix.
Quelles ont été vos premières actions en tant que président ?
Dès mon arrivée en décembre, j’ai souhaité marquer une rupture avec la précédente gouvernance. J’ai pris la décision de ne pas poursuivre la collaboration avec le Directeur Technique National (DTN) et de lui retirer sa fonction de Directeur Général. Un colloque avec les cadres techniques était également planifié pour janvier, j’en ai profité pour poser les bases d’un projet fédéral plus participatif avec les élus du comité exécutif qui étaient présents. Enfin, nous avons aussi lancé un audit financier, toujours en cours actuellement, pour avoir une vision claire de la situation et nous assurer que les choix budgétaires faits auparavant étaient pertinents et surtout que nous avions bien les moyens de lancer les projets que nous souhaitions. Cet audit nous permettra de construire le budget 2025.
Quels sont les grands axes de votre mandat ?
Nous avons plusieurs priorités, en commençant par le développement de nos pratiques : nous devons promouvoir les pratiques sur les trois milieux – eau calme, eau vive et eaux salées – en valorisant nos 12 disciplines, du slalom au dragon boat, en passant par la course en ligne.
Une deuxième priorité est de faire de la FFCK une association engagée dans la transition écologique, ce sujet me tient particulièrement à cœur. La Fédération doit devenir une référence sur les questions environnementales, notamment face aux défis liés à la raréfaction de l’eau, aux crues, à l’accès à l’eau, aux conflits d’usage et à la préservation de la qualité de l’eau. Nous devons anticiper sur le changement climatique pour conserver nos pratiques
Enfin, nous voulons œuvrer pour un haut niveau plus performant : nous allons organiser des États généraux du sport de haut niveau pour repenser notre approche, notamment en sprint où nous manquons de médailles. Il faut redéfinir le rôle des pôles France et renforcer la formation des entraîneurs.
Où voyez-vous la FFCK dans un an ?
D’ici un an, nous aurons une nouvelle direction technique nationale et une nouvelle organisation associée. Nous aurons aussi posé les bases d’une politique de développement plus forte avec les professionnels du secteur. Nous devons devenir le guichet unique de l’accès à l’eau pour l’ensemble des interlocuteurs.
L’objectif est également d’accroître notre poids dans les instances nationales et internationales, en occupant davantage de sièges dans les commissions et en affirmant notre rôle dans la gestion de l’eau et des activités nautiques en France. Je souhaite que nous soyons un acteur influent et reconnu auprès des pouvoirs publics.
Quelles sont vos sources d’inspiration en dehors de votre sport ?
Je m’inspire beaucoup des autres fédérations sportives, comme le tennis, le rugby ou le cyclisme, pour comprendre comment elles structurent leur développement et gèrent leurs relations avec les institutions.
Le tourisme est aussi une référence, notamment pour la valorisation des territoires. Ayant travaillé sur ces sujets en région, je vois comment le canoë-kayak peut s’intégrer dans une dynamique plus large.
Enfin, le monde de l’entreprise m’intéresse particulièrement. J’ai monté avec des acteurs économiques reconnus un club d’entreprises à Dijon et je suis convaincu qu’elles doivent être plus impliquées dans le lien et le financement du sport. Je crois fortement à l’intérêt d’un engagement du monde économique dans le sport notamment dans la dynamique du tissu local.
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