Olbia poursuit son cycle d’entretiens des présidentes et présidents de fédération nouvellement élus afin de les découvrir et leur permettre de partager leur vision et leurs défis pour leur mandat.
Pour conclure ce cycle, nous rencontrons Franck Laurent, président de la Fédération française de badminton.

Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer votre parcours avant d’arriver à la tête de la Fédération française de badminton ?
J’ai commencé le badminton en 1990 à Coutances, dans la Manche. J’ai découvert le badminton grâce à un éducateur sportif qui lançait une section, et je me suis pris au jeu. Je suis devenu compétiteur assez vite. On a ensuite monté un club avec deux de mes frères. En 1998, je suis arrivé à Orléans où je me suis impliqué dans le club, notamment sur l’organisation du tournoi d’Orléans. J’en suis devenu président en 2004 et j’ai occupé ce poste pendant 11 ans. On a fait évoluer le tournoi, qui est aujourd’hui un des 30 plus grands tournois du monde. Au niveau national, j’ai souhaité m’impliquer en 2020 au sein de la liste portée par Nathalie Huet, mais c’est finalement la liste de Yoan Penel qui a été élue. En 2022, suite à un départ au sein du conseil d’administration de la fédération, je me suis fait élire puis j’ai intégré le comité exécutif en tant que trésorier en 2023.
Sur le plan professionnel, j’ai fait des études d’informatique et j’ai travaillé en société de services.
Pourquoi avoir décidé de monter une liste pour cette élection ?
Cela s’est fait en avril 2024, j’ai demandé à Nathalie Huet, mon ancienne tête de liste, si elle souhaitait se représenter. Elle m’a indiqué qu’elle ne le souhaitait pas mais m’a encouragé à me lancer. Je m’étais dit que je me présenterais un jour, mais je n’avais pas ce calendrier en tête, je me trouvais peut-être un peu trop jeune. Evidemment, j’en ai avant tout parlé à ma conjointe. Au sein de la fédération, j’ai vu que ça bougeait un peu, j’ai contacté ceux qui commençaient à se mobiliser, je leur ai proposé ma candidature. J’ai créé une liste avec 24 noms, un tiers de la précédente mandature, un tiers d’anciennes, et un tiers de nouveaux noms.
Comment s’est passée la campagne ?
Il y a eu des prétendants mais aucune liste ne s’est présentée face à nous. Un budget de 5000€ était attribué pour les listes candidates, cela a permis de faire deux déplacements dans les territoires et une réunion de liste pour se connaître et parler des programmes. On a vraiment fait le travail jusqu’au bout, de présenter le programme, montrer ce qu’on voulait faire, et présenter les membres de la liste. On a fait une belle campagne même si l’on a constaté que c’est difficile de toucher les clubs, de les mobiliser.
En arrivant à la tête de la fédération, qu’est-ce qui vous a le plus surpris ?
Je viens du privé, j’avais l’habitude que les choses allaient un petit peu plus vite. Je me suis aperçu qu’une fédération est ancrée dans plein de process, notamment avec l’État derrière nous. On doit être très vigilant pour ne pas faire n’importe quoi, tout vérifier, tout contrôler, bien consulter. Ça prend du temps. Ça m’a un petit peu freiné au départ, j’ai trouvé cela un peu lourd au démarrage, mais je pense qu’il faut que je me l’approprie pour mieux m’en servir.
Vous étiez-vous préparé à gouverner ? Comment ?
Oui car je savais que je n’allais pas être à 100% sur cette fonction. Je me repose beaucoup sur mon directeur général et sur mes équipes qui font un excellent travail. Il y a des services qui fonctionnent bien, qui connaissent parfaitement l’écosystème et qui ont de l’expérience. Il faut faire confiance aux professionnels qui sont là, c’est eux qui ont l’histoire, ils sont la continuité de service. Donc il faut leur faire confiance, moi je suis là pour indiquer une direction, trouver des solutions.
Quelles ont été vos premières actions en tant que président ?
Tout d’abord, nous avons continué les chantiers qui étaient déjà lancés. Il y a actuellement la réforme du classement et un projet immobilier pour déménager le siège social de la fédération. On souhaite également créer et animer un conseil des territoires avec les conseils départementaux. On a également le projet de séparer l’Assemblée générale en deux temps pour la rendre plus constructive avec d’une part une séquence institutionnelle et d’autre part une université d’été réunissant une centaine d’adhérents autour de tables rondes pour se projeter sur l’avenir de la discipline.
Si vous deviez définir 3 priorités sur ce mandat, quelles seraient-elles ?
Premièrement ce sont les équipements. On a connu une hausse de 30 000 licenciés cette année, soit 13% par rapport à la précédente mais le nombre de clubs reste le même, ils sont à saturation. On souhaite les aider à travers un plan équipement, un fonds d’1,5 million d’euros sur 5 ans pour créer des infrastructures spécifiquement dédiées au badminton.
Ensuite, il y a le pickleball, nous travaillons à un rapprochement avec l’entité qui gère la discipline actuellement, et visons à récupérer la délégation de service public. Nous trouvons que cette discipline associée est très complémentaire avec le badminton, ça se joue sur le même terrain mais avec une hauteur de filet différente.
Enfin, il y a l’emploi. On veut créer de l’emploi de proximité pour le développement et aller chercher les clubs qui ne sont pas encore affiliés à la fédération.
Où aimeriez-vous en être après 1 an de mandat ?
Ce que j’aimerais déjà, c’est adoucir les relations avec les territoires, que l’on puisse se reparler, que l’on puisse retravailler tous ensemble. On peut être en désaccord, on peut ne pas avoir les mêmes idées, mais au moins que l’on puisse se parler.
Quelles sont vos sources d’inspiration en dehors de votre sport ?
Je suis très intéressé par l’événementiel dans les autres sports. Quand je me rends à un événement sportif, il m’arrive de plus regarder l’organisation que la rencontre sportive elle-même. Le tennis m’a par exemple beaucoup inspiré, j’ai beaucoup regardé ce qui a été fait aux Jeux Olympiques et Paralympiques.
Je regarde aussi ce que fait le snooker. Je me demande comment un sport aussi confidentiel peut être aussi populaire et remplir de grandes salles autant en avance. Ils ont créé cette culture de la rareté.
Allez-vous conserver une activité professionnelle en parallèle de votre mandat ?
Pour le moment oui. Je me suis laissé six mois pour regarder comment je m’organise, voir le temps que ça nécessite exactement. Je ne suis pas tout à fait dans les mêmes fonctionnements que mes prédécesseurs, j’utilise par exemple beaucoup plus les équipes. Mon objectif est de piloter mon comité exécutif et mon assemblée générale afin d’être davantage sur un niveau stratégique et non opérationnel.
Laisser un commentaire