Les freins à l’accueil de nouveaux licenciés : un héritage des Jeux qui aurait dû être mieux anticipé ?

Publié le 4 février 2025 à 16h40 dans Non classé

Quelques mois après les Jeux de Paris 2024, les premières études sur la pratique licenciée et les associations sportives viennent d’être publiées. La semaine dernière, l’INJEP a livré une étude sur les tendances à la prise de licence. Le CROS Nouvelle Aquitaine et l’Observatoire du sport français se sont également prêtés à l’exercice, en se concentrant sur l’état des associations sportives dans la région.

Leur conclusion : les Jeux ont bien joué leur rôle de levier pour attirer de nouveaux pratiquants, mais les clubs peinent à absorber l’afflux de nouveaux licenciés.

Pourtant, le risque était déjà identifié. Alors que le gouvernement visait 3 millions de pratiquants supplémentaires à l’horizon 2024, l’INJEP révélait dès 2023 que près d’un quart des Français se sont vus refuser l’accès en club ou en association au cours des cinq dernières années. Ce chiffre confirme les craintes des acteurs du sport, présentées dans notre étude « Comment entretenir la flamme » en 2023. Ils alertaient déjà sur le risque d’un goulet d’étranglement, avec trois freins majeurs pouvant limiter l’accueil de nouveaux licenciés : le manque d’infrastructures, le manque d’encadrants, et la difficulté pour les dirigeants à absorber cette demande.

Olbia Conseil vous propose de revenir sur la situation actuelle dans le sport fédéral.

L’effet Paris 2024 : le sursaut de la pratique sportive

L’INJEP estime à 5% l’augmentation du nombre de licences annuelles délivrées dans 45 fédérations représentatives (34 fédérations olympiques et 11 fédérations non olympiques). Cette hausse, plus élevée que lors des précédentes olympiades, est disparate suivant les fédérations. Elle concerne en priorité les disciplines médaillées et titrées à Paris 2024 et les fédérations ayant peu de licenciés (tennis de table, tir à l’arc, handisport, taekwondo).

Un fait notable : ce sont les publics traditionnellement éloignés de la pratique en club qui enregistrent les hausses les plus fortes. L’augmentation est de +7 % chez les 21-55 ans et +9 % chez les 56-99 ans, contre +2 % chez les moins de 14 ans et +3 % chez les 14-20 ans.

Une offre fédérale qui peine à répondre à la demande

En septembre-octobre 2024, 65% des structures interrogées ne pensaient pas être en capacité d’accueillir cette augmentation de pratiquants, d’après une étude d’OpinionWay. En Nouvelle-Aquitaine, le constat est plus inquiétant, avec 50% des clubs déclarant ne pas avoir été capable d’accueillir de nouveaux licenciés.

L’enquête du CROS Nouvelle-Aquitaine met en lumière les causes de ces difficultés, qui confirment les risques déjà identifiés par le secteur deux ans auparavant :

  • Le manque d’équipement : 53% des associations interrogées affirment ne pas avoir suffisamment d’infrastructures adaptées et disponibles pour accueillir des licenciés supplémentaires.
  • Le manque de bénévoles et d’encadrants : 56% des clubs disent manquer de bénévoles et 42 % ne font pas appel à des professionnels. Peut-être que les 300 000 volontaires des JOP auraient pu être un vivier précieux, mais les passerelles avec le monde associatif ne semblent pas évidentes.

L’enjeu est d’autant plus fort que la prise de licence est la principale source de revenus des associations. Dans son étude sur le modèle économique des clubs, réalisée par le CDES et Olbia Conseil, le CNOSF estime que 42% du budget des associations sportives sont issus des adhésions annuelles. Une hausse du nombre de licenciés permettrait donc de compenser la baisse potentielle des subventions publiques.

Si l’ambition était d’augmenter le nombre de pratiquants grâce aux Jeux, elle semble avoir été en partie atteinte. Mais sans la mise à disposition de moyens adaptés et l’accompagnement des acteurs, Paris 2024 n’aura qu’un impact éphémère sur la pratique sportive, à l’image des précédentes olympiades. Et pour construire un héritage durable, l’enjeu n’est pas tant d’accueillir ces 5% de pratiquants supplémentaires dans les clubs (cela aura pu être plus), mais bien de les fidéliser, pour augmenter durablement la pratique sportive en France.

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