Olbia poursuit son cycle d’entretiens des présidentes et présidents de fédération nouvellement élus afin de les découvrir et leur permettre de partager leur vision et leurs défis pour leur mandat.
Elue à la tête de la Fédération française de char à voile en mars 2024, Aurélie Poulain revient sur son parcours, son élection, ses ambitions pour la fédération, mais aussi sur sa participation au « Club des 300 » du CNOSF qui a provoqué chez elle un déclic.
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« Il faut oser ! »
Pouvez-vous vous présenter et nous raconter votre parcours ?
Je m’appelle Aurélie Poulain, j’ai 47 ans et, chose qui surprend souvent, je ne pratique pas le char à voile ! Pourtant, cela ne me pose aucune difficulté pour gérer la fédération. J’ai d’ailleurs été agréablement surprise par la confiance que m’ont accordée les clubs et les ligues. Malgré mon parcours atypique, jamais on ne m’a reproché de ne pas pratiquer le char à voile. J’ai un excellent directeur technique et une équipe compétente qui m’épaulent sur le volet sportif.
Mon engagement a commencé dans mon club, à Ouistreham, où j’ai été active pendant plus de dix ans. J’ai été repérée par l’ancien président lors d’événements sportifs, où j’accompagnais régulièrement mes enfants. J’ai toujours été force de proposition et soucieuse d’améliorer les choses, ce qui lui a plu. Il m’a alors proposé de devenir vice-présidente en charge du développement sur la précédente olympiade.
Comment avez-vous pris la décision de vous présenter à la présidence ?
Tout a commencé lors de la Journée internationale des droits des femmes, où j’ai été invitée par le CNOSF et où j’ai découvert le Club des 300, en présence de l’ancien président. Cette formation d’un an accompagne les femmes pour leur permettre d’accéder à des postes à responsabilités. En accord avec lui à l’époque, j’ai décidé de suivre cette formation.
Quelques temps plus tard, lors d’un championnat, un collègue, Thierry Lambert, m’a encouragée à y aller. Il m’a dit : « Si tu ne te présentes pas, j’y vais ! » Ce déclic, ajouté à la formation du Club des 300, m’a donné assez confiance en moi pour prendre la décision de me présenter.
Comment s’est déroulée la campagne ?
Nous avons fait campagne activement, pendant près d’un an : nous sommes allés à la rencontre des clubs, ce qui n’avait jamais été fait, organisé des réunions dans les ligues et présenté un programme clair. C’était une première pour cette fédération, où personne n’avait jamais vraiment exposé de projet en amont des élections. Et cette démarche a visiblement plu !
Quelles ont été vos priorités en arrivant ?
Tout d’abord, réunir mon équipe pour faire le point sur nos idées et nos priorités. Ensuite, instaurer une vraie ligne directrice pour les territoires, car ils étaient livrés à eux-mêmes sans accompagnement fédéral structuré.
Un autre axe fort est l’aide financière aux clubs. Nous avons revu notre budget pour mieux redistribuer les ressources, notamment en réduisant certaines dépenses internes et en recherchant des partenariats.
Comment gérez-vous votre rôle de présidente avec votre activité professionnelle ?
Je travaille chez Groupama Centre Manche, en tant que gestionnaire de sinistres. Jusqu’au 1er novembre, j’étais à temps plein, mais cela devenait ingérable avec mes 45 heures de travail fédéral par mois. J’ai donc réduit mon contrat à 80%, et la fédération complète le reste de mon salaire, une action rendue possible par la loi sport de 2022.
Vous êtes l’une des rares femmes à la tête d’une fédération. Comment cela se passe-t-il ?
Étonnamment bien ! J’ai été la première femme élue à ce poste pour cette nouvelle mandature, et pendant un long moment, j’étais même la seule. J’ai été très bien accueillie et j’ai réussi à créer des liens forts avec d’autres présidentes et présidents, qui ont été très disponibles pour échanger et partager leur expérience, à l’instar de Jean-Luc Denéchau (FF Voile), Jean-Michel Cléroy (ancien président de la FF Tir à l’arc) ou Gwénaëlle Noury (FF Sports de glace). Ces échanges sont aussi renforcés notamment grâce aux « Mardis des présidents », une réunion réunissant les présidents de fédération organisée un mardi par mois par le CNOSF autour d’une thématique.
Quel conseil donneriez-vous à ceux qui hésitent à se lancer ?
Oser ! C’est ce que j’ai retenu de ma formation au Club des 300. Parfois, on pense ne pas être légitime, mais en réalité, il suffit d’oser et de se faire confiance.
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